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404. DU MÊME.a

Le 2 mai 1767.

Je rends grâce à Votre Majesté de ce qu'elle a daigné m'envoyer par M. de Catt la réponse qu'elle a faite à Marmontel sur la Poétique.b Que de leçons elle nous donne! Votre digne Suisse m'a écrit une lettre charmante. Il s'estime heureux d'avoir vu ces grandes scènes où V. M. a joué si supérieurement son rôle. Pour moi, je l'estime plus heureux d'être chaque jour aux pieds de mon héros s'occupant du bonheur de son peuple.

405. A VOLTAIRE.

Potsdam, 5 mai 1767.

J'aurais cru, pendant les troubles qui désolaient l'Europe, que la terre de Ferney et la ville de Genève étaient l'arche où quelques justes furent préservés des calamités publiques. Mais, il faut l'avouer, il n'est aucun lieu où l'inquiétude des hommes et l'en-


a Ce fragment, tiré de l'édition Beuchot, t. LXIV, p. 204, est bien de l'année 1767, comme on peut le voir par son contenu. La lettre de d'Alembert à Frédéric, du 10 avril de la même année, nous apprend que ce fut en effet vers ce temps que le Roi envoya à Marmontel ses observations sur la Poétique de cet écrivain. Cependant M. Beuchot a inséré ce fragment dans une lettre de Voltaire à Frédéric qui est réellement du 31 juillet 1772, date sous laquelle elle est placée avec raison dans l'édition de Kehl; mais l'habile éditeur français a commis la même erreur que les éditeurs de Bâle, en assignant à cette lettre la date du 2 mai 1767, à laquelle n'appartient que le fragment qui nous occupe.

b Nous n'avons pas pu trouver les observations de Frédéric sur la Poétique française de Marmontel, qui parut au mois de mars 1763, en deux volumes in-8. La réponse aux remarques de Frédéric se trouve dans les Œuvres complètes de Marmontel, A Paris, 1820, t. VII, IIe partie, p. 828-831. Voyez, l. c., p. 826-828, la réponse de Marmontel à M. de Catt, Paris, 27 septembre 1767, où il éclaircit quelques endroits de son ouvrage sur lesquels le lecteur du Roi avait attiré son attention. La lettre de M. de Catt nous est inconnue.