<48>Si dans le climat de la Suède un roi (soit qu'il prenne parti pour la France, ou non) guérit par la poudre des jésuites, pourquoi, Sire, n'en prendriez-vous pas?

A Loyola que mon roi cède;
Que votre esprit luthérien
Confonde tout ignatien!
Mais pour votre estomac prenez de son remède.

Sire, je veux venir à Berlin avec une balle de quinquina en poudre. V. M. a beau travailler en roi avec sa fièvre, occuper son loisir en faisant de la prose de Cicéron et des vers de Catulle, je serai toujours très-affligé de cette maudite fièvre que vous négligez.

Si V. M. veut que je sois assez heureux pour lui faire ma cour pendant quelques jours,

Mon cœur et ma maigre figure
Sont prêts à se mettre en chemin;
Déjà le cœur est à Berlin,
Et pour jamais, je vous le jure.

Je serai dans une nécessité indispensable de retourner bientôt à Bruxelles pour le procès de madame du Châtelet, et de quitter Marc-Aurèle pour la chicane; mais, Sire, quel homme est le maître de ses actions? Vous-même, n'avez-vous pas un fardeau immense à porter, qui vous empêche souvent de satisfaire vos goûts en remplissant vos devoirs sacrés? Je suis, etc.

153. A VOLTAIRE.a

Remusberg, 26 octobre 1740.

Mon cher Voltaire, l'événement le moins prévu du monde m'empêche, pour cette fois, d'ouvrir mon âme à la vôtre comme d'ordinaire, et de bavarder comme je le voudrais. L'Empereur est mort.


a Cette lettre est tirée des Œuvres posthumes, t. IX, p. 126 et 127.