<279>Auprès de Sans-Souci, dans sa terre promise.
Moi, je vais fixer mon destin
Dans la chambre où Jordan, de savante mémoire,
Commentait à la fois saint Paul et l'Arétin,
Sans savoir des deux à qui croire.

Unir les opposés est un secret bien doux;
Il tient l'âme en haleine, il exerce le sage.
Je connais un héros dont l'âme a tous les goûts,
Tous les talents, tout l'art de les mettre en usage,
Et je ne sais encor s'il est connu de vous.
Je mets aux pieds de Votre Majesté V.

291. A VOLTAIRE.a

Neisse, 8 (septembre 1751).

Esclave de la poésie,
Je perdais le sommeil à tourner un couplet;
Revenu de ma frénésie,
J'ai vu que ce beau feu n'était qu'un feu follet.
La sévère raison pour mon malheur m'éclaire,
Son œil perçant, son front austère,
Du crédule amour-propre a confondu l'erreur :
J'abandonne au brillant Voltaire
L'empire d'Apollon et le sceptre d'Homère;
Content d'être son auditeur,
Je veux l'écouter et me taire.

Voilà le parti que j'ai pris. Les affaires et les vers sont des choses d'une nature bien différente; les unes donnent un frein à l'imagination, les autres veulent l'étendre. Je suis entre deux comme l'âne de Buridan.b J'ai regratté quelques strophes d'une


a Cette lettre est tirée du Supplément aux Œuvres posthumes, t. II, p. 385 et 386.

b Voyez t. IV, p. 14; t. VIII, p. 316; t. XIX, p. 118 et 119; et t. XXI, p. 185 et 422.