<186>rait encore quelques années de vie. Je viendrais ranimer, auprès de mon soleil, le feu de mon âme qui s'éteint.

Le flambeau du fils de Japet
Et la fontaine de Jouvence
Feraient sur moi bien moins d'effet
Que deux jours de votre présence.

Recevez, Sire, avec votre bonté ordinaire, l'attachement, le profond respect, l'admiration de votre ancien serviteur, de votre ancien protégé, de celui dont l'âme a été toujours à genoux devant la vôtre.

231. A VOLTAIRE.a

Potsdam, 5 mars 1749.

Il y a de quoi purger toute la France avec les pilules que vous me demandez, et de quoi tuer vos trois Académies.b Ne vous imaginez pas que ces pilules soient des dragées; vous pourriez vous y tromper. J'ai ordonné à Darget de vous envoyer de ces pilules qui ont une si grande réputation en France, et que le défunt Stahl faisait faire par son cocher. Il n'y a ici que les femmes grosses qui s'en servent. Vous êtes en vérité bien singulier de me demander des remèdes, à moi qui fus toujours incrédule en fait de médecine.

Quoi! vous avez l'esprit crédule
A l'égard de vos médecins,
Qui, pour vous dorer la pilule,
N'en sont pas moins des assassins!
Vous n'avez plus qu'un pas à faire,
Et je vois mon dévot Voltaire
Nasiller chez les capucins.


a Cette lettre se trouve aussi t. XI, p. 154-106, avec quelques variantes.

b L'Académie française, fondée en 1635, l'Académie des inscriptions, nommée plus tard Académie des inscriptions et belles-lettres, fondée en 1663, et l'Académie des sciences, fondée en 1666.