66. AU COMTE ALGAROTTI.

Potsdam, 20 février 1751.

Je vous renvoie la lettre du pape, et je vous suis tout à fait obligé du soin que vous avez pris de m'en rendre compte. Je suis charmé de voir l'estime qu'il fait de votre personne et de vos ouvrages. Quoique je sente combien je suis éloigné de mériter les choses flatteuses que ce prince vous dit pour moi, je n'en suis pas moins vivement sensible au bonheur d'avoir quelque part dans son souvenir et dans son attention. Vous savez la manière dont je pense sur ce qui intéresse ce grand homme, et combien j'admire en lui ces qualités éminentes qui nous retracent tout ce qu'on a vénéré le plus dans les Athanase, les Cyrille, les Augustin et tous ces hommes célèbres qui réunissaient à la fois les talents les plus distingués de l'esprit et les vertus les plus dignes du pontificat. Vous pouvez, mieux qu'un autre, être le garant de mon admiration et de mes sentiments pour le saint-père, et de la façon dont les catholiques sont non seulement tolérés, mais <79>même protégés dans mes États. Je permets bien volontiers que vous le fassiez connaître à Rome quand l'occasion s'en présentera. Je trouve bon aussi que vous alliez à Berlin pour quelques jours, suivant la permission que vous m'en demandez; et sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde.