<27>les troupes de terre; mais je présume qu'elles n'auront pas les vents contraires, et j'ai assez de foi pour croire que les circonstances nouvelles et les combinaisons futures rempliront bien les quatre pages des gazettes. Heureux Algarotti, que vous allez avoir de plaisir, sans avoir de peine, ni le rude soin de votre gloire à conserver! Vous verrez la tragédie, et vous sifflerez les acteurs qui ne représenteront pas bien, tandis que la Gaussin, Du Frêne, Crébillon ou Voltaire tremblent pour le succès de la pièce, et emploient toute leur capacité et leurs talents pour la faire réussir.

C'est ainsi que, dans le monde, le ciel partage les destins; les uns sont nés pour travailler, les autres pour jouir. Je vous souhaite et ne vous envie point tout ce que la Providence a daigné faire pour vous, à condition que vous m'aimiez, et que vous soyez persuadé de l'estime que j'ai et que j'aurai toute ma vie pour le cygne de Padoue. Adieu.

Federic.

Keyserlingk doit être à présent à Berlin, sain et guéri de toute infirmité.

19. AU MÊME.

Milkau, 20 décembre 1740.

Vous allez donc partir, et vous négocierez, tandis que nous combattrons. Je suis sur le point d'investir Glogau, et, dès que je commencerai le siége, cela ira bien vite. Ils ne peuvent tenir que trois jours, et de là nous volerons à Breslau, où j'espère de trouver des intelligences et de pousser, cet hiver, jusqu'à la Neisse.

Adieu; voyagez en paix et négociez avec succès, et soyez aussi heureux que vous êtes aimable. Quelques services que vous me rendiez, ils n'approcheront jamais du plaisir que me fait votre présence.