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22. A MADAME DE CAMAS.

Dahlen, 6 mars 1763.

Je vous reverrai donc, ma bonne maman,a et j'espère que ce sera vers la fin de ce mois ou au commencement d'avril, et j'espère de vous trouver aussi bien que je vous ai quittée. Pour moi, vous me trouverez vieilli et presque radoteur, gris comme mes ânes, perdant tous les jours une dent, et à demi écloppé par la goutte; mais votre indulgence supportera les infirmités de l'âge, et nous parlerons du vieux temps.

Voilà notre bon margrave de Baireuth qui vient de mourir.b Cela me cause une véritable peine. Nous perdons des amis, et les ennemis paraissent vouloir durer en éternité. Ah! ma bonne maman, que je crains Berlin et les vides que j'y trouverai!c Mais je ne penserai qu'à vous, et je me ferai illusion sur le reste. Soyez persuadée du plaisir que je me fais de vous assurer de vive voix de la véritable estime et de l'amitié que je vous conserverai jusqu'au tombeau. Adieu.

Federic.

23. A LA MÊME.

Le 9 juillet (1764).

Ma bonne maman, votre lettre et votre souvenir m'ont fait un véritable plaisir, parce qu'ils sont des marques que votre santé va mieux. On m'assure qu'il n'y a aucun danger, et que vous vous remettrez tout à fait. Ma sœura va arriver dans une heure d'ici. Je vous avoue que cela me fait grand plaisir. Nous allons pro-


a Madame de Camas, de retour de Magdebourg à Berlin, avait écrit au Roi, le 3 mars : « J'avoue que je fus ravie de me trouver au château, où j'arrivai excédée de toutes les entrées et des harangues que la Reine avait essuyées sur la route, et qui retardaient à tout moment notre marche. »

b Le margrave Frédéric, beau-frère du Roi, mort le 26 février 1763.

c Voyez la lettre de Frédéric au marquis d'Argens, du 25 février 1763.

a La duchesse Charlotte de Brunswic.