<143>n'avez presque plus de parents, j'espère que votre bon cœur ne se refusera pas à ce que je lui demande avec la dernière instance et comme une chose qui pourra véritablement me soulager dans mon affliction. Je suis avec toute l'estime possible

Votre fidèle ami,
Federic.

9. A LA MÊME.

Camp de Semonitz, 13 septembre 1745.



Madame,

Je vois bien que l'humanité se ressemble toute part, et que les mêmes causes opèrent à peu près les mêmes effets sur des corps organisés comme les nôtres. Mais, madame, ne vous imaginez point que l'embarras des affaires et des conjonctures critiques puisse distraire de la tristesse. Je puis dire par expérience que c'est un mauvais remède. Il y a par malheur aujourd'hui quatre semaines de la cause de mes larmes et de mon affliction;a mais, depuis la véhémence des premiers jours, je ne me sens ni moins triste ni plus consolé que je l'étais. Enfin, pourquoi vous entretenir, madame, de ma tristesse, comme si j'avais le dessein de vous la communiquer? Suffit que je porte ma peine comme je le puis. Je ne sais point qui peut avoir divulgué le bruit de mon prochain retour; pour moi, j'en ignore entièrement le terme, et, à vous dire le vrai, je ne m'y attends qu'à la fin de novembre ou au commencement de décembre. Je vous prie de ne point oublier la prière que je vous ai faite dans ma dernière lettre, et que je réitère encore avec vivacité, vous priant de me croire avec bien de l'estime

Votre fidèle ami,
Federic.


a Le baron de Keyserlingk était mort le 13 août. Voyez t. XI, p. 106.