<309>temps assis, et de vous avoir fait veiller au delà de votre coutume; j'ignorais que cela pût vous incommoder. Je suis si bon allié de la France, que, bien loin de vouloir ruiner la santé de ses héros, je voudrais leur prolonger la vie.

On parlait, ces jours passés, d'actions de guerre, et on agitait cette question rebattue, savoir, laquelle des batailles gagnées faisait le plus d'honneur au général. Les uns disaient que c'était celle d'Almanza,b d'autres se déclaraient pour celle de Turin. Pour moi, je fus d'avis que c'était la victoire qu'un général à l'agonie avait remportée sur les ennemis de la France.c

Je passe sous silence les choses obligeantes que vous me dites. Le but de la plupart de nos actions est de mériter l'approbation des gens de bien et des grands hommes. Si j'ai gravé dans votre mémoire le souvenir de mon amitié, c'est tout ce que j'ai prétendu y mettre. Les talents égalent les particuliers aux rois, et, pour ne rien dissimuler, les avantages du mérite effacent souvent ceux de la naissance. Je ne vous souhaite que de la santé : il n'est aucune sorte de gloire dont vous ne soyez comblé, etc.

F.


b En 1707. Voyez t. X, p. 314, et t. XI, p. 192.

c Voyez t. III, p. 110 et 111.