<119>Car, en bonne foi de chrétien,
Je ne puis séjourner en ville
Où le culte calvinien
Est rejeté comme acte de sibylle.

Je n'ai jamais été courtisan; vous n'avez pas besoin de cette engeance qui déguise perpétuellement la vérité, et on ose la dire devant V. M. Pourquoi ne la dirais-je pas? Je m'ennuie à Breslau, puisque je n'y puis faire ma cour à V. M., et que je n'y ai point ma bibliothèque, où

Je goûte la tranquillité,
Reposant dans le sein des Muses;
Mon bel Horace à mon côté
M'engage à mépriser les ruses
Du monde et de sa vanité.

Les Français sont inconstants, cela est vrai. Ils le sont par légèreté; j'ai assez d'esprit pour l'être par volupté. Je ne le suis jamais en amitié.

Je ne suis jamais inconstant
A l'égard d'une aimable belle;
Dès qu'un mérite est éminent,
On cesse alors d'être infidèle.
Ce n'est pas tout. Oserais-je demander à V. M. une grâce?
Très-humblement je vous supplie,
Conquérant de la Silésie,
De me donner un billet à Vorspann,
Pour que je puisse, en ménageant
Conserver ma bourse garnie,
Et la garantir d'étisie.

J'ai l'honneur d'être, etc.

P. S. On ne parle ici que de paix,
On croit y voir finir la guerre,
Et tout prospérer à souhaits
Sous Frédéric, que le monde vénère.