<68>qui disait, au sujet du Tartuffe de Molière, que s'il avait joué le ciel, personne n'aurait crié, mais qu'en jouant les dévots, tout cet escadron fourré avait donné sur lui.

Si je savais faire de l'or, je communiquerais d'abord ma science à ma pauvre sœur de Baireuth; elle en a certainement besoin, et je souhaiterais de tout mon cœur qu'il plût à M. son beau-père de passer le pas; il se consolerait facilement, à ce que je crois, si seulement il avait assurance que l'on brasse de l'eau-de-vie dans le ciel. Son fils est bien aimable, et je lui trouve le meilleur cœur du monde. Tout ce que je trouve à redire, ce sont de certaines distractions qu'il a, qui ne siéent pas bien.

Me voilà, pour le coup, au bout de mon latin. Adieu, mon cher ami; deux cents huîtres d'Angleterre et une bouteille de Champagne m'attendent. Vous pouvez compter que je ne boirai pas un verre avant que d'avoir bu celui de votre santé, qui, je vous assure, m'est fort précieuse, étant de tout mon cœur et avec bien de l'amitié, mon cher ami, etc.

Frederic.

Je vous renvoie ci-joint l'incluse de la vôtre.

22. AU MÊME.

Ruppin, 23 octobre 1732.



Mon très-cher ami,

J'apprends que l'on a donné de mauvaises impressions au Roi sur mon chapitre, et que l'on me fait passer pour un athée devant lui. Je suis au désespoir de l'apprendre, et, n'y ayant rien de plus faux au monde, je vous prie de me dire de quel moyen il faudrait se servir pour le détromper et pour faire cesser ces bruits. Le meilleur est que je suis bien éloigné d'avoir les sentiments que l'on m'impute, et que je ne sais pas seulement d'où ces bruits peuvent être venus, car je crois qu'en aucun lieu du inonde l'on ne parle moins de thèses de religion que chez moi; mais je crois que le