<5>hommes, et se mettent, par ce corps d'armée, en état de mépriser les légères insultes auxquelles à présent le pays de Clèves seul n'est pas en état de résister, et qui, au premier bruit de la guerre, au cas de désunion avec la France, doit être envisagé qu'il ne nous appartient que tant que la discrétion des Français trouverait à propos de nous le laisser. Mais dès que la réunion est faite, cette thèse change entièrement, et les pays sont en état de défense.

Je finis ce projet-ci, voulant seulement m'expliquer auparavant, quoique en termes vagues, de quelle façon je prétends que l'on regarde ce système. Premièrement, je ne raisonne qu'en pure politique, et sans alléguer les raisons du droit, afin de ne pas trop faire de digressions à chaque chose qui mérite, chacune en particulier, que l'on en indique les raisons et le droit que la maison de Brandebourg y peut avoir. Secondement, je ne détaille nullement la manière d'acquérir ces provinces, sur chacune desquelles il faudrait s'étendre au long; je ne veux uniquement que prouver la nécessité politique qu'il y a, selon les conjonctures des pays prussiens, d'acquérir les provinces que je viens d'indiquer. Je crois qu'il faut que ce soit là le plan sur lequel tout sage et fidèle ministre de la maison doit travailler, en négligeant toujours le moindre pour parvenir au grand but. J'espère aussi que l'on pourra trouver tout ce que je viens de dire assez raisonnable, car quand les choses seraient dans l'état que je viens de les projeter, le roi de Prusse pourrait faire belle figure parmi les grands de la terre et jouer un des grands rôles, ne donnant ou maintenant la paix par aucun autre motif que par l'amour de la justice, et non par crainte, ou, si l'honneur de la maison et du pays exigeait la guerre, pouvant la pousser avec vigueur, n'ayant lieu de craindre aucun autre ennemi que la colère céleste, qui ne serait pas certainement à craindre, autant que la piété et l'amour de la justice règnent dans un pays sur l'irréligion, les factions, l'avarice et l'intérêt. Je souhaite à cette maison de Prusse qu'elle s'élève entièrement de la poussière où elle a été couchée, afin de Caire fleurir la religion protestante dans l'Europe et l'Empire; qu'elle soit la ressource des affligés, le support des veuves et orphelins, le soutien des pauvres, et minatrice des injustes. Mais si elle