<381>Je recommence fort à espérer que l'affaire de B. aura lieu; toutefois je n'ose pas faire le prophète sur ce sujet.

Pour en revenir aux Turcs, je suis bien aise que les quatre premiers soient arrivés à bon port. J'espère que les trois qui les ont suivis plairont encore davantage à V. A. R.

Le cheval persan que le duc de Courlande envoie à V. A. R. se mettra en chemin dès que le temps le permettra. On le conduira jusqu'à Memel, où on le remettra au commandant, à qui elle voudra bien faire savoir où il doit le faire mener.

Si, d'un côté, j'ai été attendri et pénétré de reconnaissance par la généreuse et touchante attention de V. A. R. à m'envoyer des re-mèdes, j'ai été bien affligé et alarmé, de l'autre, par la description des terribles et dangereuses crampes d'estomac dont elle est de temps en temps attaquée. Quelque confiance que j'aie en vos conseils, monseigneur, je doute cependant que les remèdes que vous me proposez conviennent absolument à mon mal, qui est, autant que j'en puis juger, d'une tout autre nature et de bien moindre conséquence que le vôtre. Au nom de Dieu, monseigneur, mettez tout le soin possible à conserver votre précieuse santé. Songez à tous ceux qu'elle intéresse. Je ne puis m'empêcher, monseigneur, de vous faire part, en cette occasion, de l'avis d'un grand médecin sur le régime qui convient particulièrement aux personnes qui sont sujettes à ces terribles crampes. « Je regarde, dit-il, l'usage même le plus modéré du vin de Champagne comme une des causes les plus propres à favoriser les crampes d'estomac Louis XIV, qui a dû y être fort sujet dans sa jeunesse, s'en abstint toujours avec le plus grand soin, et ne fit usage que de vin de Bourgogne avec de l'eau. » Si votre médecin était, sur ce point, du même sentiment, V. A. R. aurait les plus fortes raisons de préférer à un vin qui peut être nuisible à sa constitution un autre vin qui pourrait lui être salutaire. J'ose me flatter, monseigneur, que vous daignerez regarder la liberté que je prends de vous rendre attentif à un conseil qui regarde votre précieuse santé comme une des plus évidentes preuves que je puisse vous donner du religieux intérêt que je prends à votre sacrée personne.

Le couvert de la lettre que V. A. R. m'a renvoyé avait bien