<164>plus capable de servir ceux à qui je suis uni par les liens de l'amitié. Vous n'avez point lieu de craindre en m'écrivant, car vous devez croire que les sentiments du cœur sont toujours plus vifs que les efforts de la spéculation, en un mot, que le nom seul de M. de Camas me ferait tomber des mains les livres et la philosophie. Je devrais m'attendre au repos, et je devrais conserver ma santé par le genre de vie que je mène; mais ce sont de ces choses, l'une et l'autre, qui, étant sujettes à tant d'accidents, ne peuvent guère être restreintes à une espèce de nécessité. Cependant il n'est plus question de moi dans le monde politique, et je chemine doucement à l'ombre. Ma santé, à laquelle vous daignez vous intéresser, commence à se raffermir, quoique j'aie été fort languissant jusqu'à présent. La dernière attaque que j'ai eue à Berlin a été très-violente, et a tellement ébranlé l'édifice, qu'il a fallu des mois pour l'étayer. On ne me trouvera pas sans vert à la revue, et dussent me manquer tous les Kircheisen du inonde, je trouverai remède à tout. J'ai cependant encore une lueur d'espérance dans le secours qui me viendra de Zurich; j'ai écrit pour cet effet à l'Excellence qui préside aux enrôlements; je ne puis avoir la réponse qu'à la fin de la huitaine.

Je souhaite que le Roi vous fasse faire plusieurs harangues dans le goût de celle que vous allez prononcer à Crossen. Dussiez-vous, mon cher Camas, mettre le nez de nouveau dans la rhétorique, j'espère que vous ne vous en fâcheriez pas. A revoir, mon cher, non pas dans les champs Elysées, mais dans les champs où l'on moissonne régulièrement toutes les années la gloire, où les vainqueurs sont couronnés de couronnes civiques, et où ceux qui triomphent sont ceux qui ont le plus d'hommes. Je suis avec une très-parfaite estime,



Mon cher Camas,

Votre très-fidèlement affectionné ami,
Federic.