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XXXIII. ARTICLE DE GAZETTE. 1767.

Nous apprenons de Potsdam que, le 27 de février, l'air s'obscurcit sur le soir; des nuages ténébreux, assemblés par une tempête dont il y a peu d'exemples, couvrirent tout l'horizon, le tonnerre éclata avec les éclairs, et, sous ces coups redoublés, une grêle tomba dont de mémoire d'homme on n'en a vu.a De deux bœufs qu'un paysan avait attelés à une charrette qu'il conduisait en ville, l'un fut tué roide mort. Beaucoup de gens du peuple en ont été blessés dans les rues; un brasseur en a eu le bras cassé. Des toits ont été détruits par la pesanteur de la grêle; toutes les fenêtres opposées à la direction du vent qui poussait cet orage ont été cassées. On a vu dans les rues des masses grandes comme des citrouilles, qui ne se sont fondues que deux heures après que l'orage a cessé. Ce phénomène singulier a fait une très-grande impression. Les physiciens prétendent que l'air n'aurait pas la force de soutenir ces masses solides et congelées; que les grains, moins grandsa dans les nuages fouettés par l'impétuosité des vents, se sont joints en tombant, et n'ont acquis ce volume énorme qu'étant près de leur chute. De quelque façon que cela soit arrivé, il est certain que des faits pareils sont rares et presque sans exemple.


a Dont on n'en a vu de mémoire d'homme. (Variante de la Gazette littéraire de Berlin.)

a Moins gros. (Variante de la Gazette littéraire de Berlin.)