<28>Voltaire, dont le nom est aimé de tout homme,
De Lisbonne à Pékin, de Pétersbourg à Rome,
Qui peignit d'un héros l'auguste humanité,
La fureur des ligueurs, le faux zèle agité,
Voltaire, qui sait joindre au brillant du génie
Les vastes profondeurs de la philosophie,
Lui, dont le souci généreux,
Par son travail industrieux,
Dérida les vertus et les rendit aimables,
Qui sut décréditer le fanatisme affreux
Et tous les vices punissables
Dont le venin caché rongeait les cœurs coupables
De tant de mortels malheureux.
Ainsi que le soleil, il répand sa lumière;
Dans les cieux des savants cet astre nous éclaire,
Et du monde ignorant il dessille les yeux.
Un de ses rayons lumineux
Me frappa, m'éblouit, me charma, me sut plaire;
Je connus, j'admirai Voltaire.
J'aurais pour le chercher quitté mon méridien;
Sous un ciel fortuné, sous un autre hémisphère,
Séjour chéri de Dieu, respecté sur la terre,
Mon esprit aurait joint le sien;
Dans son aimable solitude,
Se partageant entre l'étude
Et les devoirs de l'amitié,
Minerve aurait su m'introduire,
Et Pallas m'en aurait enseigné le sentier.
De vous et de l'amour j'eusse adoré l'empire;
Aux mystères que Locke et que Newton inspirent,
Du grand Voltaire apprécié,
Votre divinité m'aurait initié.
Mais, hélas! charmante Émilie,
Cet être que j'ignore et qui réside en moi,
Cet être qui m'anime et me donne la loi,
Immortel en théologie,
Incertain en philosophie,