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II.

D'un siècle d'ignorance, où dominait l'erreur,
Je vous renvoie ici la méprisable histoire.
C'est l'opprobre et le déshonneur
De nos loyaux aïeux, j'en rougis pour leur gloire,
Que des scélérats tonsurés
Et qu'un tas de fourbes mitrés,
Les gourmandant en imbéciles,
Chassassent des rois révérés,
Par bulles, de leurs domiciles.
Dans nos jours tant maudits, les peuples éclairés
Par Luther, mais surtout par la philosophie,
Du joug sacerdotal sont au moins délivrés;
Que le ciel les y fortifie!
Alors, ils étaient animés
Par le poison du fanatisme,
Et terrassés par le sophisme
Que des porcs engraissés des dîmes de Siona
Leur débitaient en chaire à toute occasion.
Enfin, après mille ans, d'attentats outragée,
La raison se trouve vengée
Des opprobres qu'elle a soufferts;
Mais il lui reste encor des fers;
Puisse-t-elle bientôt en être dégagée!

A Bögendorf, du 1er octobre 1762.


a

L'un, riche abbé, prélat à l'œil lubrique,
Au menton triple, au col apoplectique,
Porc engraissé des dîmes de Sion, ....

Œuvres de Voltaire

, édit. Beuchot, t. XII, p. 35.