<48>Soit idolâtre de la vie;
Elle en écrème les douceurs.
Le charme passe; elle est suivie
D'afflictions et de malheurs,
Et ce cercle qui se répète,
Au mouvement de la navette
Mêlant le bien avec le mal,
Me rappelle cette coquette
Dont l'esprit sans cesse inégal,
Par un caprice de toilette
Décidant de son amourette,
Quitte l'amant pour son rival.
Qu'elle aille donc offrir ses charmes
A quiconque en voudra jouir;
Ni ses caresses ni ses larmes
N'ont plus le don de m'attendrir.
Mon œil dans l'avenir discerne,
Sans le secours de la lanterne
Dont Diogène se para,
Tout ce que le destin fera;
Pourrai-je donc en subalterne
Souffrir que l'insolent me berne
Aussi longtemps qu'il le pourra?
Ah! qu'il berne qui le voudra
Des fous que sans cesse il gouverne;
Bien fin qui m'y rattrapera,
Et s'il ne se peut par la porte,
Par la fenêtre sauvons-nous.
Une âme généreuse et forte
Du moindre outrage entre en courroux.
Sans que l'amour-propre me flatte,
Je vois sans pâlir les revers
Dont m'atteint la fortune ingrate;
Et, las d'en avoir trop souffert,
L'exemple de plus d'un Socrate
Pour descendre dans les enfers
Me montre des chemins ouverts.