<117>Héros qui par brevet eut le titre de sage,
Sans avoir été terrassé
Recule chaque nuit de village en village,
Comme un barbet meurtri qui fuit le voisinage
Du cuisinier qui l'a fessé.
O fantasque Fortune! enfin en est-ce assez?
Comme de notre sort ta cruauté se joue!
Celui-ci sous un dais est par ta main placé,
Et celui-là du trône est jeté dans la boue.
Mais le souvenir du passé
Sur l'avenir enfin m'éclaire;
Toi-même, tu m'appris le cas
Que d'une coquette on doit faire;
Nonobstant tes divins appas,
Ni ta tendresse mensongère
Ni ton brillant retour ne me séduiront pas.
Mais, dis-moi, par quelle sottise
Vas-tu te frotter à l'Église?
Contre un saint qu'elle canonise
Tu prends l'intérêt d'un damné;
Dis-moi, quel pouvoir t'autorise.
A poursuivre un prédestiné?
Que diront dans les cieux la .. et Bellone
De la farce que tu leur donne,
Et que dira Sa Sainteté?
Ne pense pas qu'on te pardonne
Ce tour de ta déloyauté;
Crains qu'outré de ta manie,
A Rome on ne t'excommunie.
En ce cas, l'univers, en tressaillant d'effroi,
Frappé de cette dure et terrible sentence,
Tandis que tout mortel au fond du cœur t'encense,
Par crainte de l'enfer s'enfuira loin de toi;
Et ton temple désert et vide
Nous fera la même pitié
Que le sacré temple où réside
La déesse de l'amitié.