<67>Et le Courage téméraire,
Avec l'Audace sanguinaire,
Qui s'appuient sur le Point d'honneur;
Et l'Intérêt et la Licence,
La brutale Férocité,
Ministres de sa violence,
Sont tous placés à son côté.
Cette cour, pleine d'insolence,
Ne désire que les combats,
L'ardente soif de la vengeance;
Le sang ruisselle sous ses pas,
Le fier Orgueil et l'Arrogance
Y sèment l'horreur du trépas.
Où ce dieu tient sa résidence,
Il fait déraciner exprès
Tous les oliviers des forêts;
Il ne souffre dans sa présence
Que les lauriers et les cyprès.
Sa voix excite le carnage,
Il transporte ses courtisans
Dans de sombres accès de rage;
Et ces sanguinaires agents,
Insensibles, dans leur furie,
Au plaisir de donner la vie,
Se font gloire de la ravir.
Quelle horreur que de s'assouvir
Du sang, grand Dieu! d'un propre frère!
Mortels, le jour qui nous reluit
Nous fut donné d'un commun père.
L'affreux trépas qui nous poursuit
Sous nos pieds creuse notre tombe;
L'homme est une ombre qui s'enfuit,a
Une fleur qui se fane et tombe.
Mille chemins nous sont ouverts
Pour quitter ce triste univers,


a Voyez t. X, p. 43, et ci-dessus, p. 36 et 54.