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ÉPITRE VIII. A D'ARGENS.a

Oui, l'hiver décrépit fuit devant le printemps,
Les aquilons fougueux, l'impétueux Borée,
Ne se déchaînent plus sur nos fertiles champs,
Et la vague liquide est enfin délivrée
De ses glaçons engourdissants;
Dessus une arène dorée
Nos ruisseaux tortueux serpentent librement;
Des mains de la nature élégamment parée,
Simplement, sans art décorée,
Flore embellit ces lieux par ses riches présents.
Tout renaît sous le ciel, l'année adolescente
Rappelle de nos jours la jeunesse charmante;
La rose le dispute aux rubis éclatants,
L'émeraude le cède aux feuillages naissants;
Mille brillantes fleurs émaillent ce bocage,
Et les chantres des bois, par leur tendre ramage,
Font répéter leurs sons aux échos indiscrets.
Mais, indolent marquis, tandis que je vous fais
De cette saison ravissante,
Par mes crayons, quelques portraits,
La paresse, qui vous enchante,


a Voyez t. X, p. 75, 101 et 255.