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ÉPITRE II. A PÖLLNITZ.a

Méprisera qui le veut les richesses,
Leur faux éclat et leur frivolité,
Leur embarras, leur inutilité;
Ces vains dédains ne sont que des finesses,
Pour les avoir se font mille bassesses.
Si leur éclat n'a point su me frapper,
Si jusqu'ici leur force enchanteresse
N'a point eu l'art de me préoccuper,
Le monde enfin vient de me détromper.
Je vois partout que la grande dépense,
Le bien, le luxe et la magnificence
Du sot public se sont fait estimer.
« Verrès, dit-on, est digne de primer :
Il a tout net vingt mille écus de rente,
Bonne cuisine et du vin que l'on vante.
Qu'en cave il tient, sans vouloir l'entamer,
Au moins dès l'an mille six cent septante;


a Charles-Louis baron de Pöllnitz, né le 25 février 1692 à Issum, village de l'ancien archevêché de Cologne, premier chambellan du roi de Prusse, grand maître des cérémonies et membre de l'Académie des sciences, mourut à Berlin le 23 juin 1775.