<261>Dans le sein de la paix joint le myrte aux lauriers.
Sa fidèle moitié, pleine d'impatience,
Oublie entre ses bras les malheurs de l'absence;
O jours, ô doux moments par la crainte achetés!
Après tant de soupirs que l'amour a coûtés,
Quel plaisir de revoir à l'abri des alarmes
L'époux qui fit couler et qui tarit ces larmes,
D'entendre ses exploits, de désarmer ses bras,
Les vengeurs de leur roi, la gloire des combats,
D'attendrir ce grand cœur aux dangers insensible,
De baiser tendrement cette bouche terrible
Qui hâtait des soldats le redoutable effort,
Qui par ses fiers accents précipitait la mort!
Tandis que sur le sein de sa fidèle amante
Se penche du héros la tête triomphante,
Bénissant ses exploits, joyeux de son retour,
On voit autour de lui les fruits de son amour.
L'un baise avec transport ses mains victorieuses,
Et brûle de remplir ces routes épineuses
Où les sages guerriers se rendent immortels;
L'autre serre en ses bras les genoux paternels;
De ces faibles enfants les naïves caresses
A ce père chéri prodiguent leurs tendresses,
Ils tiennent, en jouant, dans leurs débiles mains
Ce fer trempé de sang, ce fer craint des humains,
Son casque menaçant, sa terrible cuirasse;
Bientôt des pas du père ils vont suivre la trace.
Le dieu du tendre hymen donne à ces vrais amants
Ces biens purs et parfaits, ces doux ravissements
Qui naissent de l'estime où le cœur participe,
Dont l'amour réciproque est le constant principe,
Agréments inconnus dans la fleur de leurs jours
A tous les partisans des frivoles amours.
De ces chastes liens écartant la mollesse,
Ce généreux amant est tendre sans faiblesse;
Son cœur ne connaît point la molle volupté,
Et quand le devoir parle, il est seul écouté.