<244>Paraît le dieu terrible en toute sa splendeur;
On voit auprès de lui l'intrépide Valeur,
Le tranquille Sang-froid qui sans crainte s'expose,
Le vigilant Travail qui jamais ne repose,
La Ruse à l'œil malin, qui, féconde en détours,
Par ses déguisements se fournit des secours,
Qui prend, dans le besoin, une forme empruntée,
S'échappe et reparaît comme un autre Protée;
L'Imagination aux yeux étincelants,
Brûlant d'un feu divin qu'elle porte en ses flancs,
Avec rapidité conçoit, forme, dessine
Mille brillants projets que Pallas examine;
Plus loin, les yeux baissés et le maintien discret,
On voit l'impénétrable et fidèle Secret;
Son doigt mystérieux repose sur sa bouche,
Ce confident de Mars sait tout ce qui le touche.
Le trône est entouré de lauriers éternels
Qu'il présente lui-même aux demi-dieux mortels,
A ses vrais favoris, qui, dignes de leur gloire,
Aux efforts du génie ont soumis la victoire.
Couronnes des héros, c'est vous dont les appas
Entraînent les guerriers dans l'horreur des combats;
Les autres passions sont para vous étouffées.
Dans ce temple brillant, décoré de trophées,
Où Mars règle à son gré le sort du genre humain,
Placés dans l'entre-deux de colonnes d'airain,
On peut des fils du dieu distinguer les statues,
Foulant les nations que leurs mains ont vaincues.
Là sont ces deux héros tant de fois comparés,
Montés au premier rang par différents degrés :
Le vainqueur des Persans, le vainqueur de Pompée;
La terre de leur nom est encore occupée.
Là paraît Miltiade, Alcibiade,
Cimon, Paul-Emile, Quintus Fabius, Scipion;
Plus loin, le grand Henri, Condé, Villars, Turenne;
Là, Montécuculi, de Bade, Anhalt, Eugène,


a Pour. (Variante de l'édition in-4 de 1760, p. 387.)