<56> le seul, hélas! que je puis ériger à votre mémoire, vous soit élevé; ne dédaignez pas les efforts d'un cœur qui vous était attaché, qui, sauvant des débris de votre naufrage ce qu'il peut, essaye de l'appendre au temple de l'immortalité. Hélas! était-ce à vous à m'apprendre avec quelle économie il faut faire usage du peu de jouis qui nous sont départis? était-ce de vous que je devais apprendre à braver les approches de la mort, moi que l'âge et les infirmités avertissent journellement que j'approche du terme qui bornera la course de ma vie? Votre admirable caractère ne s'effacera jamais de ma mémoire; l'image de vos vertus me sera sans cesse présente; vous vivrez toujours dans mon cœur; votre nom se mêlera dans tous nos entretiens; et votre souvenir ne périra en moi qu'avec l'extinction de ce souffle de vie qui m'anime. J'entrevois déjà la fin de ma carrière, et le moment, cher prince, où l'Être des êtres réunira à jamais ma cendre à la vôtre.

La mort, messieurs, est la fin de tous les hommes : heureux ceux qui, en mourant, ont la consolation de savoir qu'ils méritent les larmes de ceux qui leur survivent!