<73> une éminence qui dominait sur tout le terrain des environs. Alors, comme les arrangements étaient pris, la cavalerie reçut ordre de se retirer, ce qu'elle exécuta bien. La plus grande partie en fut distribuée derrière l'infanterie pour la soutenir, au régiment de Kroekow près et de quelques hussards, qu'on jeta sur la gauche pour observer l'ennemi de ce côté-là. Cependant M. Loudon ne s'attendait à rien moins qu'à une bataille. Il se doutait bien qu'il avait quelques troupes en opposition; mais il faisait si obscur, qu'il ne pouvait discerner ni les Prussiens ni leur disposition. Il ne s'était point fait précéder par une avant-garde, parce qu'il se proposait de surprendre quelques bataillons francs qui avaient campé la veille à Pfaffendorf, avec le parc de vivres qu'il croyait y trouver encore. On fit alors exécuter sur l'ennemi la grande batterie qu'on avait construite sur la hauteur. La tête des colonnes autrichiennes n'en était qu'à huit cents pas; le canon fit beaucoup d'effet sur ces masses serrées. M. Loudon s'aperçut en ce moment qu'il y avait quelque mécompte dans son calcul. Il voulut former son monde; mais il ne put former qu'un front de cinq bataillons. Les Prussiens attaquèrent cette ligne, qui fut aussitôt renversée. Le général ennemi fit en ce moment avancer sa cavalerie, pour prendre en flanc et à dos ceux qui l'attaquaient; mais il ne connaissait pas le terrain, ni ne pouvait s'orienter dans l'obscurité. Cette cavalerie culbuta les dragons de Krockow; mais prise en flanc par les cuirassiers de Frédéric,a elle fut rechassée à son tour, et dispersée dans des marais dont elle eut bien de la peine à sortir. Dès l'aube du jour, l'infanterie chargea la seconde ligne des Autrichiens. Comme on remarqua qu'elle se dérangeait, on lâcha sur elle quelques escadrons de cavalerie, qui l'enfoncèrent et la firent presque toute prisonnière. De petits buissons épars dans ce terrain étaient d'un usage


a Frédéric margrave de Brandebourg-Schwedt, petit-fils du Grand Electeur et gendre de Frédéric-Guillaume Ier, devint chef du 5e régiment de cuirassiers après la mort de son père, le margrave Philippe, arrivée en 1711. Le margrave Frédéric, né en 1700, mourut en 1771.