<70> généraux ennemis parurent, qui rôdèrent de tout côté pour faire des reconnaissances. Ils paraissaient fort attentifs, et leur curiosité les retint à cet examen jusqu'à la nuit close. Si le Roi était demeuré dans sa position pendant la nuit, il est indubitable qu'il aurait été attaqué le lendemain dès la pointe du jour. Quoique ses dispositions sur ce terrain fussent bonnes, c'aurait été trop hasarder que d'y rester, et il y avait toujours à craindre qu'il ne succombât sous le nombre de ses ennemis. Il partit le soir même; les troupes reprirent le chemin de Liegnitz, pour occuper le camp d'où elles étaient parties la veille. Le maréchal, qui n'eut aucun vent de cette marche, ne fit aucun mouvement. Le prince de Holstein, qui menait la gauche de la cavalerie, s'égara pendant l'obscurité, et se mêla dans la marche des autres colonnes. Ce ne fut qu'au point du jour qu'on put remettre les colonnes en ordre. Si l'ennemi avait entrepris sur les Prussiens dans ce moment de confusion, il aurait sans contredit réussi; mais il n'y pensa point. Les troupes repassèrent tranquillement la Katzbach, et l'armée en fut quitte pour une bonne canonnade qu'elle essuya en frisant les détachements que Loudon tenait à Kossendau et à Dohnau. Peu d'heures après que les Prussiens eurent tendu leurs tentes, on vit paraître le maréchal avec son armée, suivi des corps de Beck, de Janus et de Lacy; et il se plaça dans le même terrain qu'il avait occupé deux jours auparavant. Le Roi fut alors informé par des voies secrètes que M. de Czernichew, à la tête de vingt mille Russes, avait passé l'Oder à Auras, et que les Autrichiens n'attendaient que sa jonction pour écraser les Prussiens. Le maréchal Daun avait des troupes de reste, et ce n'était pas ce qui lui manquait, mais bien le talent de s'en servir avec promptitude, et à propos. La situation du Roi était telle alors, qu'il ne lui restait de pain et de biscuit que pour trois jours; il était chargé de deux mille voitures, tant pour les vivres que pour les munitions, qui causaient un embarras prodigieux pour les marches, et dont il tâcha de se défaire, pour donner plus d'agilité à ses mouve-