<63> gorge étroite. Cet ouvrage, creusé dans le roc, ne demandait que d'être défendu pour arrêter l'ennemi des semaines entières. Mais à peine les Autrichiens se présentèrent-ils pour l'attaquer, que les assiégés lâchèrent le pied et s'enfuirent d'une manière infâme. Ils se sauvèrent par la barrière; l'ennemi les suivit chaudement; ceux qui défendaient le chemin couvert, au lieu de tirer sur l'ennemi, se sauvèrent par le pont dans le ravelin. Les Autrichiens, pêle-mêle avec eux, y entrèrent en même temps. M. de Harsch, qui s'aperçut de ce qui se passait, envoya quelques bataillons de sa tranchée pour soutenir ces premières troupes. Enfin les Autrichiens prirent cette place sans savoir comment, et sans presque éprouver de résistance. Le commandant, qui était dans la ville basse, accourut à ce bruit au château, mais il était déjà pris, et comme par sa situation il domine les ouvrages du Schaferberg et de la ville basse, il ne restait plus d'asile aux Prussiens pour se défendre. Cet événement honteux et flétrissant pour les armes prussiennes fut la suite d'une négociation secrète que M. Loudon avait préparée de longue main par le canal des jésuites, des moines et de toute la prêtraille catholique. Il était parvenu par leur moyen à corrompre des officiers et beaucoup de soldats de la garnison, du nombre desquels furent ceux qui étaient de garde à l'endroit où M. de Harsch poussa son attaque.

Ce funeste contre-temps survint dans une situation déjà assez embarrassante et assez fâcheuse d'elle-même. L'approche du maréchal Daun, sa position près du Nouveau-Dresde, le manque de munitions de guerre pour un siége, obligèrent le Roi de renoncer au dessein qu'il avait de prendre cette ville, et il prit des mesures sérieuses pour se rendre en hâte en Silésie, afin d'empêcher, s'il se pouvait, qu'il n'arrivât dans cette province de plus fâcheuses catastrophes que celles que nous venons de rapporter. Le Roi quitta le 30 le fond de Plauen, sans que l'ennemi l'inquiétât; il ramena M. de Hülsen dans son camp de Meissen. L'armée passa le lendemain l'Elbe à Zehren, et prit une