<61> On attaqua donc la ville du côté de la porte de Pirna. Si le Roi avait été bien servi dans cette occasion, Dresde était à lui; mais les officiers, ingénieurs et artilleurs s'empressèrent à qui ferait le plus de fautes. Les batteries furent pourtant exécutées. On plaça des chasseurs dans des masures du faubourg qui dominaient le rempart, et ils le nettoyèrent bien vite de tous ceux qui s'y montraient pour le défendre. Déjà les canons commençaient à faire une brèche; une bombe embrasa le toit de l'église de Sainte-Croix; il tomba, et bouleversa tout le quartier; une autre mit le feu à la rue de Pirna, qui fut presque toute consumée; d'autres tombèrent dans la rue du Château, et n'y firent pas un moindre dégât; mille bombes et mille quintaux de poudre de plus auraient glorieusement terminé ce siége. Il était apparemment dit dans le livre des destins que les Prussiens ne reprendraient pas Dresde.

Bientôt on eut des avis que le maréchal Daun quittait la Silésie subitement, et s'avançait à grands pas pour secourir Dresde. A son approche, on retira le poste du Cerf blanc.a Les troupes légères s'amusèrent mal à propos avant de quitter ce poste. Elles furent attaquées dans la forêt, du côté du Fischhaus, et perdirent environ cinq cents hommes. On fit passer l'Elbe au prince de Holstein la nuit même, et on lui marqua une position entre Löbda et Unckersdorf. Dès que le maréchal Daun s'approchait de l'autre bord de l'Elbe, il fallait nécessairement avoir un corps dans les environs d'Unckersdorf, pour conserver le passage libre du défilé de Plauen, sans que l'ennemi pût s'aviser de le disputer. Le Roi changea en même temps le camp de ses troupes : une partie de l'armée se campa vis-à-vis de M. de Lacy et du prince de Deux-Ponts; l'autre se plaça du côté du Grand-Jardin, où l'on pratiqua des abatis, jusqu'au delà de Racknitz, près de Plauen. Le maréchal Daun parut alors au Cerf blanc, et couvrait de son armée l'autre bord de l'Elbe, derrière Dresde et aux côtés.


a Le 19 juillet.