<55> excès; et le soldat effréné et furieux, encouragé aux forfaits et aux brigandages, n'épargna que la misère et la laideur.

La nouvelle de la bloquade de Glatz fut la première que le Roi reçut en Saxe. Elle augmenta l'embarras dans lequel il se trouvait déjà. Il était aussi cruel d'abandonner cette place, qui est comme la clef de la Silésie, qu'il était impossible de la secourir. Il fallait s'attendre qu'après la perte de cette forteresse on ne pourrait plus tenir les gorges de la Silésie et de la Bohême, à cause que les Autrichiens, une fois maîtres des passages de Silberberg et de Wartha, pouvaient venir à dos des troupes qui occupaient les montagnes. Il ne restait donc plus de position à prendre pour couvrir cette province. Il était aussi dangereux, d'autre part, de quitter la Saxe. Si le Roi s'était rendu en Silésie avec une partie de ses troupes, celles qui seraient demeurées en Saxe risquaient d'être détruites par la grande supériorité que les Impériaux avaient alors sur les Prussiens. Il paraissait donc qu'il n'y avait rien de mieux à imaginer que de mener les choses de manière que le Roi, entreprenant la marche de la Silésie, y attirât le maréchal Daun comme à sa suite. D'un autre côté, cet expédient n'était pas sans risque, puisque cette opération exposait le Roi, de nécessité, à se mettre entre M. Loudon, qui était déjà en Silésie, et entre l'armée du maréchal Daun, qu'on supposait le côtoyer. Toutefois, comme il pouvait se joindre à M. de Fouqué, dont la défaite n'était pas encore sue, le Roi résolut de prendre le parti de marcher en Silésie, préférablement à tout autre. Pour cet effet, il fit passer l'Elbe à la partie de l'armée qu'il destinait à cet usage. Le pont fut construit à Zehren; on passa ce fleuve le 15 de juin. Les troupes furent jointes à l'autre rive par le prince de Holstein, qui ramenait les deux régiments de dragons qui avaient servi à l'armée des alliés. Les détachements de M. de Lacy se retirèrent tous vers Reichenberg à l'approche des Prussiens, qui prirent le camp de Zscheila, vis-à-vis de M. de Hülsen, dont le corps était demeuré à Meissen, et l'on éta-