<19> se joindre à M. de Buturlin, ou il pouvait tenter une entreprise sur Berlin, s'il ne trouvait personne pour s'y opposer.

Toutes ces choses pressaient le Roi d'agir avec promptitude. L'armée passa l'Oder le 11, et vint se mettre en bataille vis-à-vis des Russes, s'étendant depuis Trettin, où était la droite, jusqu'à Bischofssee, où s'appuyait la gauche. La réserve de M. de Finck campa devant les lignes, sur des hauteurs qui dérobaient aux Russes la connaissance des mouvements que feraient les Prussiens. Un ruisseau bourbeux séparait les deux armées. M. de Soltykoff s'était campé à Kunersdorf. Son aile droite s'appuyait sur une petite élévation, où les Russes avaient construit un fort en guise d'étoile : deux branches de retranchement partaient de là, qui, occupant un terrain élevé, allaient aboutir au cimetière des Juifs,a hauteur assez considérable proche de Francfort. La droite de ce camp, où était cette redoute en étoile, était dominée par une hauteur que M. de Finck occupait, et, au delà du ruisseau, par une élévation que les gens du pays nomment la Pechstange. De la position où se trouvait l'armée du Roi, il était impossible d'attaquer l'ennemi : il aurait fallu passer deux chaussées étroites, couvertes d'abatis, et dont les Russes étaient maîtres; il aurait fallu déployer les brigades sous le feu de leurs petites armes, et attaquer un retranchement défendu par des batteries croisées. On trouva donc plus convenable de remonter le ruisseau, où, après un détour d'un demi-mille, on arrive au pont qui est sur le chemin de Reppen; là se trouve un autre chemin qui mène par le bois à la hauteur de la Pechstange. Ces connaissances locales servirent de base


a C'est de l'endroit nommé Judenberge (Monts des Juifs) qu'il s'agit, et non pas du cimetière des Juifs (Judenkirchhof), quoique le Roi dise aussi dans la lettre qu'il adressa au comte Finckenstein le jour même de la bataille : « J'ai attaqué ce matin à onze heures l'ennemi. Nous les avons poussés au cimetière des Juifs auprès de Francfort. » Ce cimetière des Juifs est plus éloigné. Voyez Kriele, Historisch-militarische Beschreibung der Schlacht bei Kunersdorf. Berlin. 1801, in-8, p. 31, 47 et 48, et le plan topographique exact qui y est joint.