<12> y ruina quelques magasins que les Russes commençaient à former. L'expédition, s'étant faite de trop bonne heure, dérangea peu ou point les ennemis dans les mesures qu'ils voulaient prendre.

Il ne se passa rien d'important sur les frontières de la Bohême. M. de Loudon, qui se tenait à Trautenau, sans cesse en mouvement, donna des alertes aux postes avancés, mais sans succès; une seule entreprise réussit aux Autrichiens. M. de Beck attaqua le bataillon de Diringshofen à Greifenberg; il lui coupa la retraite avec sa cavalerie, et après une vigoureuse défense, ce bataillon fut contraint de mettre les armes bas. Sur la fin du mois, M. de Ville, qui commandait en Moravie, entra en force dans la Haute-Silésie; M. de Fouqué, dont le corps était trop faible, lui abandonna Neustadt, et prit une position avantageuse à Oppersdorf. Le Roi se flatta que ce mouvement de M. de Ville lui fournirait l'occasion de battre l'ennemi en détail et d'abîmer entièrement ce corps. Il fit filer secrètement des troupes à Neisse dans cette intention, et s'y rendit lui-même. Quelques précautions que l'on prît pour cacher cette manœuvre à l'ennemi, cela fut inutile. Le clergé catholique et les moines, ennemis secrets des Prussiens, parce qu'ils les croyaient hérétiques, trouvèrent le moyen d'avertir M. de Ville de la marche des troupes, et le jour même que le Roi vint à Oppersdorf, ce général autrichien se retira à Ziegenhals. Tout ce qu'on put faire se réduisit à engager une affaire d'arrière-garde avec les pandours, qui étaient encore en marche; la cavalerie les entoura dans des rochers escarpés, peu propres aux manœuvres des gens de cheval; cependant cette troupe, forte de huit cents hommes, fut ou prise ou passée au fil de l'épée. Les Autrichiens, loin de s'arrêter à Ziegenhals, continuèrent leur retraite jusqu'en Moravie, et le Roi, ne trouvant plus dans ces environs d'objet qui exigeât sa présence, retourna joindre son armée à Landeshut.

Le maréchal Daun venait d'arriver en Bohême; il établit son quartier à Münchengrätz. Les deux armées demeurèrent tranquilles dans