<36> intelligence entre les deux cours était rompue; il eut recours au sieur de Klinggräff, son ministre à la cour impériale, et à mylord Holdernesse même, pour savoir en quels termes la Russie en était avec l'Angleterre, et surtout si la cour de Vienne ou celle de Londres avait plus d'influence à Pétersbourg. Le sieur de Klinggräff répondit que les Russes étant une nation mercenaire et intéressée, il n'y avait aucun doute qu'ils ne fussent plus attachés à ceux qui pouvaient les acheter, qu'à ceux qui n'avaient rien à leur donner; que l'Impératrice-Reine manquait souvent de ressources pour ses propres dépenses; qu'ainsi les Russes s'en tiendraient aux Anglais, que des richesses immenses mettaient en état de leur payer de gros subsides. La réponse de mylord Holdernesse portait que, l'intelligence entre l'Angleterre et la Russie étant parfaite, le roi George comptait fermement sur l'amitié de l'impératrice Élisabeth. Les informations que le Roi tirait de son ministre à la Haye, se trouvèrent cadrer si bien avec ce qu'on lui avait écrit de Vienne et de Londres, qu'il crut que tant de personnes pouvaient difficilement se tromper toutes sur le même sujet : leurs conjectures, étant les mêmes, devaient être justes; ce fut ce qui le détermina d'entrer en négociation avec l'Angleterre. Il fit répondre à mylord Holdernesse qu'il n'était pas éloigné de prendre avec le roi de la Grande-Bretagne des mesures innocentes, défensives, et uniquement relatives à la neutralité de l'Allemagne. Ces deux puissances se trouvant d'accord sur les principes de leurs liaisons, elles parvinrent bientôt à la conclusion du traité, qui fut signé à Londres le 16 janvier 1756. Ce traité contenait quatre articles, dont les trois premiers étaient relatifs aux garanties réciproques que ces deux puissances se donnaient pour la sûreté de leurs propres États; le dernier regardait directement l'Allemagne, et les engagements pour empêcher que des troupes étrangères n'y pussent entrer. Par deux articles secrets on convenait : par l'un, que les Pays-Bas autrichiens seraient exceptés de la garantie de l'Allemagne; et par l'autre, l'Angle-