<19> pouvait lui offrir avec bienséance. Le roi George, qui savait que le roi de Prusse était informé de ces pourparlers, voulut se servir de ces circonstances pour lui faire illusion. Il lui communiqua un projet de pacification, par lequel la France s'offrait d'assister la reine de Hongrie dans la conquête de la Silésie, à condition que celle-ci reconnût l'Empereur, et le remît dans la paisible possession de la Bavière. Le lord Hyndford se rendit en Silésie, où le Roi était alors, pour lui faire cette ouverture; mais c'était d'un air si empressé, qu'au lieu de convaincre ce prince de la vérité de la chose, on lui fit soupçonner que ces propositions de la France étaient fausses et controuvées. Les dispositions du roi d'Angleterre envers la Prusse étaient trop connues; sa mauvaise volonté se manifestait envers le comte de Finck. Tout cela confirma le Roi dans l'opinion que cette communication cordiale était un piège que lui tendait la politique rusée de Carteret; il répondit cependant au lord Hyndford, qu'il était très-sensible aux marques d'amitié que le roi d'Angleterre lui donnait dans cette occasion, mais que comptant sur la bonne foi de la reine de Hongrie, sur la sagesse du roi George et sur sa garantie même, il était sûr qu'ils n'entreraient jamais dans des vues aussi opposées à leurs engagements, et dont l'accomplissement serait plus difficile à effectuer qu'on ne le pensait. Le ministre anglais ne s'attendait pas à cette réponse, et ne put empêcher que son mécontentement n'éclatât sur son visage. Mais quelle apparence de croire que le roi de France eût recours à un expédient aussi ridicule pour moyenner sa paix avec l'Impératrice-Reine, que celui de se plonger dans une nouvelle guerre, et de se rendre lui-même l'artisan de la grandeur de la maison d'Autriche, que les intérêts permanents de son royaume l'obligeaient à rabaisser? N'était-il pas plus naturel de supposer que c'était une fable ourdie par le lord Carteret, pour indisposer le roi de Prusse contre la France? Carteret ne pouvait-il pas raisonner ainsi : le roi de Prusse est vif, il prend feu aisément; une ouverture pareille