<141> de vertige des princes de l'Empire et leur attachement pour la maison d'Autriche. On doit s'étonner avec raison, en considérant la hauteur et le despotisme que cette maison avait employés dans le gouvernement de l'Allemagne, qu'il se trouvât d'assez vils esclaves pour aimer la dureté de son joug; et cependant le grand nombre était de ce parti. Le roi d'Angleterre avait à ses gages tout le collège électoral; il était maître de la diète de l'Empire. L'électeur de Mayence devait sa fortune à la maison d'Autriche, et n'était que l'organe de ses volontés. C'est un ancien usage que le doyen du collège électoral invite les électeurs à la diète d'élection. Après la mort de Charles VII, l'électeur de Mayence s'acquitta de ce devoir, et fixa l'ouverture de la diète au 1er de juin. Le baron d'Erthal, chargé de cette ambassade, se rendit à Prague, et fit la même invitation au royaume de Bohême qu'aux autres électeurs; ce qui était contraire aux décisions de la dernière diète, qui portait qu'on laisserait dormir la voix de Bohême.

On avait craint au commencement de l'année 1745, tant à Vienne qu'à Hanovre, que l'armée du prince de Conti n'empêchât à Francfort les partisans du grand-duc de Toscane de lui donner leurs voix, et l'on avait jeté les yeux sur la ville d'Erfurt pour y assembler la diète; ce qui était contraire aux lois fondamentales du corps germanique, surtout à la bulle d'or : la pusillanimité des Français sauva la reine de Hongrie de cette transgression. La diète de l'Empire s'assembla donc à Francfort le 1er de juin. La France donna l'exclusion au Grand-Duc; mais l'armée du prince de Conti, qui devait appuyer cette déclaration, était déjà disparue : c'était un aveu tacite de son impuissance, qui lui aliéna le cœur de tous ses alliés. Les ministres de Brandebourg et de l'Électeur palatin remirent un mémoire à la diète, lequel demandait l'examen de trois points : 1o si les ambassadeurs invités par l'électeur de Mayence étaient habiles pour donner leur suffrage? 2o si leurs cours avaient toute la liberté requise selon la bulle d'or? 3o si quelques-uns ne s'en étaient pas privés eux-mêmes, ou par