<129> Polentz contribua beaucoup à ce succès : il s'était glissé avec son infanterie dans le village de Fehebeutel, d'où il enfilait la cavalerie autrichienne; quelques charges qu'elle reçut en flanc, la mirent en confusion et préparèrent sa défaite. M. de Gessler, qui commandait la seconde ligne, voyant qu'il n'y avait là aucun laurier à cueillir, se tourna vers l'infanterie prussienne; et voyant les Autrichiens en confusion, il fit faire une ouverture à l'infanterie, la passa; et, se formant sur trois colonnes, il fondit sur ces Autrichiens avec une vivacité incroyable : les dragons en massacrèrent un grand nombre; ils firent prisonniers vingt et un bataillonsa des régiments de Marschall, Grünne, Thüngen, Daun, Kolowrat, Wurmbrandb et d'un régiment encore dont le nom nous manque; beaucoup en furent tués; ils prirent pourtant quatre mille prisonniers et soixante-six drapeaux. Un fait aussi rare, aussi glorieux, mérite d'être écrit en lettres d'or dans les fastes prussiens. Un général de Schwerin,c cousin de celui de Jägerndorf,d et une infinité d'officiers que leur grand nombre nous empêche de nommer, s'y firent un nom immortel. Cette belle action se fit en même temps que la droite des Prussiens se portait sur le flanc du prince de Lorraine; cela rendit la confusion de ses troupes


a Dans le brevet daté du 31 juillet 1745, par lequel le lieutenant-général de Gessler fut nommé comte, il est relaté qu'il détruisit vingt bataillons ennemis, et prit soixante-sept drapeaux. Les armoiries de Chasot, major au régiment de dragons du margrave de Baireuth, ne portent que le chiffre de soixante-six drapeaux.

b La brigade du Feld-Zeugmeister baron de Thüngen, qui fut détruite par le général Gessler, se composait des régiments de Marschall, Grünne, Thüngen. Daun, Kolowrat, Maximilien de Hesse, et Bade-Bade. Le Roi a oublié de mentionner ces deux derniers : et, d'après l'Ordre de bataille autrichien, le régiment de Wurmbrand, qu'il cite comme ayant pris part à ce combat, n'assista pas à la bataille de Hohenfriedeberg. Voyez Oestreichische militärische Zeitschrift. Wien, 1825, t. III, p. 31.

c Othon-Martin de Schwerin, qui se distingua d'une manière si brillante à la bataille de Hohenfriedeberg comme commandeur en chef du régiment de Baireuth dragons, était alors colonel; mais il fut nommé général-major, en juillet 1745, par brevet daté du 29 novembre 1743.
     Le régiment de dragons du margrave Frédéric de Baireuth, no 5, est à présent le 2e régiment de cuirassiers, appelé Königinn.

d Voyez ci-dessus, p. 119.