<110> est donc la base de tout ce que l'on peut entreprendre à la guerre; sans elle, le hasard décide de tout. Pour traiter cette matière avec quelque ordre, je suivrai, dans cet essai, le train ordinaire des marches qui se font en campagne.

Après la déclaration de guerre entre les puissances belligérantes, chacun rassemble ses troupes pour former des armées, et cette réunion se fait par marches de cantonnements.

DES MARCHES EN CANTONNEMENT.

Ire RÈGLE. On ruine les troupes qui sortent d'un long repos, si on leur fait faire du commencement des marches trop fortes. Elles ne doivent faire tout au plus, les premiers jours, que trois milles d'Allemagne.

II. On forme des colonnes des troupes de différentes provinces, qui marchent en large autant que possible, pour que chaque bataillon ou chaque régiment puisse avoir son village ou sa petite ville pour pernocter. Il faut connaître la force des villages pour faire, selon leurs habitations, la distribution des troupes. Si ces marches se font au printemps ou avant la récolte, on se sert des granges pour y mettre les soldats, et alors un village médiocre peut sans difficulté contenir un bataillon. Après trois jours de marche, il faut un jour de repos.

III. Dès que l'on entre en pays ennemi, il faut que d'abord le général forme une avant-garde qui campe, et qu'il pousse en avant pour qu'elle précède d'une marche l'armée, pour lui donner des nouvelles de tout, et que, au cas que l'ennemi soit rassemblé, il ait le temps de réunir ses troupes pour les former en corps d'armée.

IV. Si l'on est éloigné de l'ennemi, l'on peut continuer de cantonner, mais en resserrant les troupes de plus près, en les canton-