ARTICLE XXIX. DES NOUVELLES MANŒUVRES DE L'ARMÉE.

Vous aurez vu, par toutes les maximes que j'ai établies, sur quoi se fonde la théorie des évolutions que j'ai introduites dans les troupes. Le dessein de ces manœuvres est de profiter et de gagner du temps dans toutes les occasions, soit pour sortir du camp, soit pour être formé plus vite que l'ennemi, soit pour se mettre promptement et sans confusion dans l'ordre de bataille ordinaire ou oblique, soit pour gagner promptement le terrain et décider une affaire plus vite que ce n'a été l'usage jusqu'à présent, soit pour renverser l'ennemi <100>par notre furieux choc de cavalerie, dont l'impétuosité entraîne le poltron comme le brave homme. Tous servent également alors, et aucun cavalier ne devient inutile. Ce système est donc fondé sur la promptitude de tous les mouvements et sur la nécessité de l'attaque. Je me flatte que les généraux qui se convaincront de la nécessité et de l'utilité de cette discipline joindront leurs efforts aux miens pour la perfectionner et la maintenir, soit en paix, ou en guerre. Je n'oublierai jamais ce que Végèce dit des Romains : « Et enfin, s'écrie cet auteur dans une espèce d'enthousiasme, la discipline romaine triompha de la haute taille des Germains, de la force des Gaulois, de la ruse des Grecs, du nombre des Barbares, et subjugua toute la terre connue. »100-a Tant la fortune des États tient à la discipline des armées!


100-a Végèce, De re militari, liv. I, chap. 1. Voyez aussi notre t. I, p. 223, et ci-dessus, p. 3.