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RÉFLEXIONS SUR LA TACTIQUE ET SUR QUELQUES PARTIES DE LA GUERRE. OU RÉFLEXIONS SUR QUELQUES CHANGEMENTS DANS LA FAÇON DE FAIRE LA GUERRE.

Qu'importe de vivre, si l'on ne fait que végéter?a Qu'importe de voir, si ce n'est que pour entasser des faits dans sa mémoire? Qu'importe, en un mot, l'expérience, si elle n'est digérée par la réflexion?

Végèce dit que la guerre doit être une étude et la paix un exercice,b et il a raison.

L'expérience mérite d'être approfondie; ce n'est qu'après l'examen réitéré qu'on en fait que les artistes parviennent aux connaissances des principes, et c'est aux moments de loisir, au temps de repos de préparer de nouvelles matières à l'expérience. Ces recherches sont les productions d'un esprit appliqué; mais que cette application est rare, et qu'il est, au contraire, commun de voir des hommes qui ont usé de tous leurs membres, sans avoir jamais de leur vie fait usage de l'esprit! La pensée, la faculté de combiner des idées est ce qui distingue l'homme d'une bête de somme. Un mulet, après avoir porté


a Voyez f X, p. 78; t. XIV, p. 98; et t. XVII, p. 270.

b Voyez ci-dessus, p. 3.