7. AU MÊME.

Charlottenbourg, 13 juin 1740.



Mon très-cher frère,

L'amitié et l'inclination que j'ai toujours eue pour vous m'ont rendu plus sensible au refus que vous venez de me faire que si ce refus était émané de tout autre endroit.2_38-a Le proverbe dit que c'est dans le besoin que l'on connaît ses amis. Que voulez-vous que je juge de vous, mon cher frère, et que voulez-vous que je fasse pour vous en pareil cas? S'il est vrai qu'une main doit laver l'autre, il faut assuré<39>ment que tout soit mutuel dans l'amitié. Je suis dans ce cas; j'attends un plaisir de votre part, et je vous assure que je ne serai pas paresseux à vous le rendre. Vous devez connaître vos intérêts. Je ne sais lequel pourra vous être plus utile, d'un empereur ruiné et dont la mort plongera l'Europe dans une guerre sanglante, ou d'un beau-frère voisin, puissant dans l'Empire, et dont l'alliance pourra vous et re utile à plus d'une chose et dans plus d'une occasion. C'est à vous à connaître vos intérêts, et à moi à vous aimer personnellement, quelque parti que vous preniez.

Acceptez la bagatelle que je vous envoie,2_39-a et soyez persuadé de l'estime avec laquelle je suis, etc.


2_38-a Frédéric désirait prendre à son service treize cents Brunswicois, pour en former un régiment que le duc Ferdinand commanderait. Voyez t. XXVI, p. 13.

2_39-a Une magnifique tabatière, comme le Duc s'exprime dans sa réponse du 17 juin 1740.