12. A LA MÊME.

Dresde, 22 décembre 1745.



Madame ma sœur,

Si je ne vous ai pas écrit depuis quelque temps, ni ne vous écris pas encore de ma main propre, je vous prie de ne l'imputer à autre chose, sinon qu'aux occupations continuelles où j'ai été pendant quelques semaines pour humilier mes amis,1_377-a qui ne visaient à autre chose qu'à la ruine totale de tout mon pays. Grâce au ciel, qui a fait tant prospérer mes armes, que non seulement l'armée saxonne avec les troupes autrichiennes qui s'y étaient jointes ont été battues et presque défaites totalement le 15 de ce mois, ainsi que, outre les<378> morts et blessés qu'elles ont laissés en place, nous leur avons pris quarante-huit canons et plus de cinq mille prisonniers, mais que cette victoire a été suivie de la reddition de la capitale, où je suis entré le 17 de ce mois. Aussi espéré-je que le fruit de tout cela sera une bonne paix, que mes ennemis, si opiniâtres jusqu'ici, seront à la fin obligés d'accepter telle que je la leur offre. Je connais trop les sentiments que vous avez pour moi, que je ne dusse être persuadé de la satisfaction que toutes ces nouvelles vous donneront; aussi serez-vous persuadée du parfait retour de mon amitié vers vous, de même que de l'estime et de la tendresse avec laquelle je suis à jamais, madame ma sœur, etc.


1_377-a Voyez t. III, p. 164 et suivantes, et t. XXVI, p. 83-86.