242. A LA MÊME.

Le 29 mai 1752.



Ma très-chère sœur,

Je vous rends mille grâces de votre précieux souvenir; je fais mille vœux pour que vous passiez votre temps agréablement et en bonne santé. Ma goutte a été obligée de me quitter, parce que nous ne pouvions plus vivre ensemble. J'ai fini mes manœuvres de Berlin, et, en prenant congé de la Reine, on y a beaucoup parlé de vous; certainement, ma chère sœur, vous étiez en bonnes mains, et votre modestie vous aurait empêchée de nous entendre parler sans rougir. Je pars après-demain pour Magdebourg, où je ferai la même chose qu'à Berlin, et ensuite je vais à Stettin faire répéter leur leçon à mes écoliers de là-bas. Vous pensez, ma chère sœur : Mon frère est un fichu maître d'école. J'en conviens, mais il faut faire son métier. Je fais bâtir ici comme un fou; je m'amuse à peupler le pays, non pas de ma progéniture, mais par des colonies étrangères. Il faut qu'on s'occupe pendant qu'on est dans le monde, et, tout pesé, tout examiné, il est plus agréable et plus juste de s'occuper du bien que du mal. Le 20 du mois qui vient, seront les noces de monseigneur Henri.1_240-a Je n'entre point dans la confidence de son amour ou de son indifférence,<241> mais je crois que, à tout égard, la femme lui fera du bien. Adieu, ma chère et très-chère sœur. Je vous fais mes excuses d'avance de mon inexactitude future. Ces revues me fatiguent si fort, que, quelque envie que j'aie de vous écrire pendant ce temps, je n'en aurai pas la force; je me recommande cependant dans votre cher souvenir, en vous priant de me croire avec la plus haute estime et la plus parfaite tendresse, ma très-chère sœur, etc.


1_240-a Voyez t. VI, p. 245 et 250, no 9 et 10; t. XIV, p. 116-120; t. XXVI, p. XVI et 181.