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Hélas! croyez-vous que les Grâces
Favorisent les malheureux?
Les fleurs qui croissent sur leurs trace
Naissent au doux éclat des astres lumineux.
Ces Grâces, ainsi que les Muses,
Et le peuple, et les courtisans,
Ont mêmes maximes infuses;
Ils se détournent tous des grands,
Sitôt qu'une main importune
Leur arrache de la fortune
Les bienfaits pleins de faux brillants.

Mon cœur souffre d'affreux supplices;
Toujours entre des précipices
Où je suis près de m'abîmer,
Au lieu que du Parnasse une flamme céleste
Descende encor pour m'animer,
Hélas! chère sœur, il me reste,
Dans l'horreur de ce temps funeste,
Mes seules larmes pour rimer.

Nous en sommes à présent aux épreuves de la constance; les expériences ne pourront plus être longues, car cela doit finir dans peu, d'une ou d'autre manière. Enfin, ma chère sœur, je crains de vous ennuyer par une suite d'images fâcheuses que je ne saurais m'empêcher de vous présenter, si je continuais d'écrire; j'abandonne plutôt la plume, et je me resserre dans les assurances de la tendresse parfaite et constante avec laquelle je suis, ma très-chère sœur, etc.