<393> avec d'autant plus de satisfaction, en me rappelant l'amitié que mon adorable frère m'a témoignée jusqu'ici. L'étoffe en est si bonne, qu'on ne la distinguera point d'avec celles d'Angleterre ou de France; j'ai eu le plaisir de tromper ceux à qui je l'ai fait voir, qui l'ont prise pour une étoffe étrangère. Je suis charmée que votre industrie ait si bien réussi par les progrès de vos fabriques, qui ne démentent point l'œil du maître. Ce sera mon habit de fête pour cet hiver; je me trouverai plus parée qu'une sainte de Lorette, étant vêtue par mon saint, que j'honore et vénère seul. Je suis dans une grande joie de ce que le cher margrave d'Ansbach a été en état de vous apprendre des nouvelles plus consolantes de sa digne mère, et de ce qu'elle se porte mieux; comme il est le plus à portée d'en savoir la vérité, j'espère que c'est avec succès qu'on peut se confier sur ce qu'il dit. Voudrait le ciel qu'elle fût rétablie au point de pouvoir venir vous faire sa cour! J'espérerais d'en profiter par bricole, et ce serait une grande satisfaction pour moi si je revoyais une sœur dont j'avais perdu l'espérance dans cette vie. J'ai reçu une lettre de la margrave de Culmbach, qui est tout enthousiasmée de la façon gracieuse dont vous avez daigné lui faire part de ses affaires, et de l'intérêt que vous avez pris pour engager le margrave d'Ansbach à lui faire un douaire. Elle m'a chargée de la mettre à vos pieds, et de vous assurer que jamais elle n'oubliera vos bontés et l'approbation que vous lui avez donnée. Je suis persuadée qu'elle les fera sonner bien haut à Copenhague. Ma belle-fille est sortie avec quatre semaines de couches,a et se porte au mieux. Il ne transpire rien du voyage d'Angleterre. Il paraît que cette idée quelle avait de vouloir y faire un tour se ralentit; du moins jusqu'à présent elle reste encore indécise. Mon fils n'irait pas cette fois volontiers; ainsi je crois qu'il sera bien aise s'il peut venir


a La princesse Auguste, sœur de George III, roi d'Angleterre, et femme de Charles-Guillaume-Ferdinand, alors prince héréditaire de Brunswic, accoucha le 27 juin 1769 d'un prince qui fut nommé George-Guillaume-Chrétien.