201. DU MÊME.

Berlin, 2 août 1769.



Mon très-cher frère,

Si vous ne trouvez pas beaucoup de satisfaction dans le grand monde, mon très-cher frère, je ne m'en étonne pas, et comprends que la retraite vous plaît davantage. Je pense de même, et pour cet effet je pars en quelques jours pour Rheinsberg, d'où je serai de retour d'abord que j'apprends que le jour est fixé pour votre départ pour la Silésie; je me contenterai d'apprendre, en attendant, par les gazettes, la suite des succès des Russes. Je lis tranquillement si le pape fait un bref contre les jésuites, ou s'il élude encore cette fâcheuse<364> affaire par des finesses sacerdotales; je m'intéresse jusqu'aux galopades que fera le roi de Danemark au carnaval qu'il donne pour le duc de Glocester. C'est ainsi que les affaires les plus sérieuses peuvent être envisagées par ceux qui s'en occupent dans la retraite, et qui n'ont aucun rapport direct à l'intérêt qui agite ceux qui paraissent sur le grand théâtre du monde. Je voudrais que tous ces objets ne fussent qu'un simple amusement pour vous, et que du moins ces affaires intéressantes n'eussent toujours que des objets agréables à vous offrir, ou bien que, si elles sont plus intimes, elles n'aient pour fin que ce qui contribue à votre satisfaction, à votre gloire et à votre contentement; c'est ce que je désire du fond du cœur, étant avec le plus sincère et respectueux attachement, etc.