<255> en général les grenadiers; mon troisième bataillon n'a pas été épargné non plus; de la cavalerie, les régiments de Baireuth et de Spaen surtout ont fait merveille, et n'ont presque pas fait de pertes. L'emplacement de l'ennemi et la manière dont la bataille s'est engagée était telle, qu'elle n'a pas permis que la cavalerie de notre droite ait pu donner; aussi n'a-t-elle presque point souffert. Vous serez fort étonné que je vous dise que c'est au régiment de Maurice que je suis redevable du gain de la bataille; cependant cela est très-vrai. Je ne crois pas que de mémoire d'homme on ait un exemple d'une canonnade comme celle de cette journée-là; cela surpasse ce que l'on en peut dire; deux tonnerres poussés l'un contre l'autre par des vents contraires ne font pas un bruit plus effroyable. Une des singularités de ce combat que je ne dois point omettre, c'est que nos charges ont continué, malgré l'obscurité, jusqu'à neuf heures et un quart; que, dans la nuit, nous avons été presque pêle-mêle avec les Autrichiens, à nous faire réciproquement des prisonniers les uns aux autres; que toute cette confusion et ce désordre a duré jusqu'au lendemain matin; que l'on a trouvé une grande quantité de prisonniers dans les bois, et même derrière nos lignes, qui, nous ayant crus Autrichiens, y étaient restés paisiblement. Le duc d'Aremberg, le général Walther, qui commande l'artillerie, Buccow et Ried sont morts de leurs blessures. Outre Daun, les Autrichiens ont encore huit généraux de blessés. Cette aventure ne leur serait pas arrivée, s'ils avaient eu du terrain pour se mettre au large; mais se trouvant entamés par devant et par derrière, ce fut force à eux de tenir bon. Je ne veux point vous ennuyer par un récit des détails que la voix publique pourra vous apprendre. Je suis, etc.

Ma contusion n'a pas été dangereuse; ma pelisse et mon habit doublé de velours m'ont probablement sauvé la vie.a J'ai cependant


a Voyez t. V, p. 104, et t. XIX, p. 229 et 230.