<160>qu'à Berlin; la Silésie, sans quoi le pays sera ruiné, et les forteresses prises, faute d'être secourues. Je ne saurais vous prescrire la façon de l'exécution. Tout cela est très-difficile; mais consultez avec les généraux que vous avez avec vous, et prenez le meilleur parti, selon que les circonstances l'exigent, pour quoi je ne vous gêne ni sur vos positions, ni sur vos marches. Quant à moi, j'ai deux objets : l'un de couvrir les montagnes de la Saxe pour garder l'Elbe et mes magasins, l'autre de m'opposer à l'armée française et de l'Empire. Quant à la Poméranie, j'y lève cinq mille hommes de garnison, et pour soutenir Stettin, vous y enverrez le régiment de Bevern, et j'y enverrai de même deux bataillons. Ceci n'est pas la fin de mon embarras; je reçois aujourd'hui la nouvelle que les Français ont pris Emden, et Lehwaldt m'écrit hier qu'il s'attend à la prise de Memel, que les Russes assiégent. Apraxin s'est retranché à Kauen, et la flotte et les galères font des descentes sur les côtes de la mer.a Que tout ceci ne vous fasse point perdre courage; il faut à présent redoubler d'efforts; mais mon sentiment est de tâcher d'en venir quelque part à une décision par une bataille. Si nous n'en venons pas là, l'un et l'autre, avant la fin de la campagne, nous serons perdus.

Vous aurez apparemment reçu dans mes lettres précédentes ce qui regarde les régiments saxons, dont il faut compléter vos régiments. Vous avez donc Manstein, Wietersheim, les bataillons de grenadiers Kalenberg, Bähr et Diezelski à votre disposition; je permets aussi aux chefs des régiments de prendre les meilleurs enseignes et porte-enseigne dans leurs régiments.

Si Daun et le gros de l'armée autrichienne restent vis-à-vis de vous, il faudrait détacher huit à dix bataillons et quelques hussards en Silésie pour couvrir les montagnes, surtout Schweidnitz, et, en cas de besoin, on peut vous fournir pour un mois de farine de Dresde.


a Voyez t. IV, p. 193.