18. AU COMTE DE ROTTEMBOURG.

Potsdam, 7 avril 1744.

Bien que les appointements que les deux maîtres chirurgiens que vous avez engagés demandent pour eux et pour leurs garçons soient un peu forts, néanmoins je ne veux point marchander là-dessus, sinon que vous devez tâcher de faire le contrat avec eux sur la somme ronde de cinq mille écus par an. Je leur payerai aussi les frais de leur voyage à Berlin, aussitôt que vous serez convenu avec eux sur la somme qu'il leur faut pour cela, et que vous m'en aurez fait votre rapport; après quoi vous les pourrez faire partir vers ici.

J'ai donné mes ordres aux banquiers Splitgerber et Daum de faire payer par leurs correspondants la somme de mille écus au sieur de Chambrier. Vous prendrez d'avance de cette somme les sept cent cinquante écus que vous avez payés pour les deux tableaux de Lancret, et le reste servira pour subvenir aux frais pour les courriers que vous êtes obligé à m'envoyer. Comme je me doute d'avance que cette somme modique ne suffira point pour l'envoi des courriers, mon intention est que vous devez me mander combien d'argent il vous faut encore à cet usage, puisque j'ignore absolument à combien va la dépense pour un de ces courriers. C'est pour cela que vous<587> devez me nommer la somme qu'il vous faut, après quoi je ne manquerai pas de vous la fournir.

Quant aux tableaux dont j'ai besoin pour orner mon nouvel appartement, il m'en faut trois; ainsi vous lâcherez d'avoir, avec les deux tableaux de Watteau dont vous êtes en marché, encore un du même maître, mais qui soit d'un travail exquis, et de la même belle grandeur que les deux autres. Et sur cela, etc.587-a

Si vous trouvez des pommades d'Italie qui sentent bon, des poudres parfumées, de bonnes senteurs, vous me ferez plaisir de m'en apporter, des jambons de neige, de la perce-pierre, et de me commander cent sarments de vigne, dont il peut être quarante de muscat et les autres des meilleures espèces.587-b


587-a De la main d'un secrétaire.

587-b De la main du Roi.