<96> osé, à l'Académie française, proposer ce beau sujet, parce que les discours envoyés pour le prix doivent avoir, pour le malheur de la raison, deux docteurs de Sorbonne pour censeurs, et qu'il n'est pas possible, avec de pareilles gens, d'écrire rien de raisonnable. Mais V. M. n'a ni préjugés, ni Sorbonne, et une question comme celle-là serait bien digne d'être proposée par elle à tous les philosophes de l'Europe, qui se feraient un plaisir de la traiter. De pareils sujets vaudraient mieux, ce me semble, que la plupart de ceux qui ont été proposés jusqu'ici par cette classe métaphysique. Le dernier surtouta m'a paru bien étrange par son inintelligibilité; je n'ai vu personne qui ne pensât comme moi là-dessus, et je suis bien sûr que mon ami la Grange n'a pas été consulté; il aurait certainement épargné à l'Académie le désagrément de voir ses questions tournées en ridicule.

Je prends la liberté, Sire, de joindre à cette-lettre un mémoire sur lequel je demande avec la plus grande instance à V. M. de vouloir bien faire faire une réponse détaillée. L'objet est si intéressant, que je ne doute pas du succès de ma demande. La Société royale de médecine établie à Paris, et composée de ce qu'il y a dans la Faculté de meilleur et de plus instruit, connaissant les bontés dont V. M. m'honore, s'est adressée à moi pour présenter ce mémoire à V. M., et pour en obtenir les éclaircissements qu'elle demande. Je la supplie très-humblement de vouloir bien donner ses ordres à ce sujet.

Nous avons ici à l'ordinaire le plus bel automne, après avoir eu jusqu'au commencement d'août le plus vilain été. Je redoute l'approche de la mauvaise saison, et je commence même à me sentir des approches du froid. Qu'il fasse de moi cependant tout ce qu'il voudra, pourvu qu'il épargne la santé vraiment précieuse de V. M.

Je suis avec la plus tendre vénération, etc.


a Sur la force primitive. Voyez les Souvenirs d'un citoyen (par Formey), Berlin, 1789, t. I, p. 135 et 136, et t. II, p. 366-372.