<629> j'ai l'honneur de les commander, je n'ai jamais vu de pareils prodiges de valeur, tant cavalerie qu'infanterie. L'infanterie a forcé des enclos de vignes, des maisons maçonnées; elle a soutenu, depuis sept heures jusqu'à trois heures de l'après-midi, un feu de canon et d'infanterie, et surtout l'attaque de Lowositz, ce qui a duré, sans discontinuer, jusqu'à ce que l'ennemi s'est trouvé chassé. J'ai surtout eu l'œil à soutenir la hauteur de ma droite, ce qui, je crois, a décidé de toute l'action. Montrez, je vous en prie, le croquis ci-joint à Fouqué; s'il ne le voyait pas, il ne me le pardonnerait jamais.

J'ai vu par ceci que ces gens ne veulent se hasarder qu'à des affaires de postes, et qu'il faut bien se garder de les attaquer à la hussarde. Ils sont plus pétris de ruses que par le passé, et croyez-m'en sur ma parole que, sans beaucoup de canons pour les leur opposer, il en coûterait un monde infini pour les battre.

Moller,a de l'artillerie, a fait des merveilles, et m'a prodigieusement secondé.

Je ne vous parle de mes pertes que les larmes aux yeux. Les généraux Lüderitza et Oertzena sont tués, et Holtzendorff,b des gendarmes. Enfin je ne veux pas m'affliger en vous rappelant mes pertes; mais ce tour de force est supérieur à Soor et à tout ce que j'ai vu de mes troupes. Ceci fera rendre les Saxons, et finira ma besogne pour cette année. Je vous embrasse, mon cher maréchal, et vous conseille d'aller bride en main. Adieu.


a Voyez t. IV, p. 104.

b George-Henri de Holtzendorff, colonel, âgé de cinquante-neuf ans.